Ils ont toujours faim !

Jean-Michel Cohen, nutritionnisteA peine rentré, il plonge sa tête dans le frigo quand ce n’est pas elle qui vide les placards et se ressert 2 fois au diner. Ils ont toujours faim ! On se demande si c’est normal mais surtout ce qu’il faut faire quand ça arrive. Jean-Michel Cohen, nutritionniste, vous donne toutes les clefs pour vous aider dans cette dure épreuve « des courses permanentes ».

 

La croissance explique-t-elle toujours ces périodes « de ventres toujours vides » ?

« De l’entrée au collège à la sortie du lycée, les adolescents grandissent de 20 à 40 centimètres et doublent leur poids ! Les besoins nutritionnels liés à cette croissance accélérée sont considérables tant en quantité qu’en qualité.

Dans un même temps, les caractères sexuels féminin et masculin vont se manifester et cette période de puberté a des répercussions sur le plan nutritionnel.

Les garçons vont, en règle générale, développer une musculature plus importante et de leur côté, avec l’apparition des règles, les filles ont des besoins en fer augmentés et des sensations de fatigue plus prononcées.

S’ajoute à cela le paramètre de l’activité physique pour les adolescent(e)s sportif(ve)s et le stress lié aux premiers examens, premiers stages et aux premiers choix d’orientation professionnelle.

En parallèle de cela, les adolescents acquièrent plus d’autonomie et deviennent plus réceptifs aux sollicitations alimentaires venant de l’extérieur, plus acteurs de choix qui étaient auparavant guidés par les parents. »

 

Combien de temps cette période peut-elle durer ?

« Cette période peut s’étaler sur 5 à 8 ans selon l’adolescent.

Mais surtout, il ne s’agit pas d’une période continue, on remarque souvent des pics de croissance pendant lesquels l’adolescent, dévore entrecoupées de périodes où l’appétit se normalise.

L’alimentation peut également être une réponse à un état de fatigue passager. N’oubliez pas de garder un oeil sur leur sommeil et de proposer un horaire d’extinction des feux, y compris smartphones et tablettes ! »

 

Faut-il s’en inquiéter ?

« Si les repas proposés sont équilibrés, et que le poids et la taille restent cohérents, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.

En cas de surpoids naissant, il est toutefois important d’agir mais toujours en douceur. L’adolescence est une période plus ou moins conflictuelle avec l’autorité parentale et faire de l’alimentation un sujet de discorde provoque souvent de mauvaises réactions. Proposez-leur des repas familiaux équilibrés. Agissez aussi sur la modification de certaines habitudes alimentaires comme le grignotage, par exemple, en surveillant le contenu des placards.

N’oubliez pas de leur proposer des activités physiques soit par une inscription dans un club, soit en organisant des activités en famille. Pendant les vacances, limitez la télé, l’ordinateur, les jeux vidéos à 2 à 3h par jour est aussi une excellente règle pour avoir plus de temps pour bouger !

N’imposez pas de consignes diététiques trop strictes pendant cette période. Elles pourraient impliquer des carences en vitamines et minéraux et seraient néfastes.

En cas de surpoids plus important, un régime légèrement hypocalorique mais équilibré est possible sous contrôle d’un nutritionniste et avec l’accord de l’adolescent(e).

A l’inverse pour les filles surtout, il faut surveiller celles qui auraient tendance à la restriction. En effet, à l’adolescence, 40% se trouvent trop grosses alors que 10% sont réellement en surpoids… »

 

Doit-on les laisser faire ?

« Il est important de les laisser prendre l’autonomie alimentaire qu’ils souhaitent, mais en les cadrant. Il ne s’agit en rien de les restreindre. Le rôle des parents est surtout d’éviter toute déstructuration et en même temps d’assurer la couverture des besoins.

Leur appétit reste tout de même un bon guide à écouter.

La structuration des repas avec un petit déjeuner, un déjeuner, un goûter et un dîner est importante car si ce rythme est acquis, il perdure souvent.

Le petit déjeuner qui assure le réveil physique et intellectuel doit être proposé avec insistance en proposant plusieurs formules dont des produits faciles à transporter si votre enfant a tendance à se lever au dernier moment.

Le goûter reste plus facultatif et sert surtout à cadrer l’alimentation et éviter le grignotage mais également à couvrir les besoins des ados sportifs. En même temps, il est important d’éviter les excès à ce moment qui pénaliseraient ensuite le dîner.

Ne leur interdisez pas les repas à l’extérieur : fastfood, grecs… qui représentent également des moments conviviaux entre amis, mais apprenez-leur à faire de bons choix, à y manger en fréquence raisonnable et surtout à adapter les repas de la maison en fonction. »

 

Faut-il surveiller leur balance ?

« Surveiller le poids de votre adolescent directement n’est pas conseillé. La façon dont il porte ses vêtements, par exemple, est un témoin suffisant. Faire de temps en temps du shopping ensemble est aussi une bonne idée. La pesée fait partie déjà à cette âge de la sphère de l’intime, mais apprenez-lui à monter sur la balance de temps en temps (1 fois par semaine grand maximum). Connaître son poids est important. »

 

Que faut-il leur proposer à manger dans cette phase où ils dévorent le frigo ?

« L’important est de proposer des repas équilibrés sans négliger les sources de protéines : viandes, poissons et oeufs. Ces aliments sont indispensables pour leur croissance et en même temps favorisent le rassasiement.

Des steaks hachés à 10% de matière grasse maxi, du jambon, des oeufs, des poissons au naturel en conserve sont autant de source de protéines de qualité à prévoir.

Les féculents (pâtes, riz, semoule, pommes de terre…) et le pain sont une source de glucides complexes et d’énergie importants et très appréciés. Ils seront proposés à chaque repas et idéalement associés à des légumes afin de donner de bonnes habitudes. Veillez à limiter les achats de plats préparés industriels vers lequel votre ado se dirigerait automatiquement. 
Ensuite, variez les desserts en limitant les crèmes desserts afin d’alterner avec des laitages nature et du fromage.

Laissez une place aux fruits, compotes ou même fruits au sirop afin de satisfaire leur palais sucré en fin de repas.

Les laitages, fruits et compotes sont une bonne option pour le goûter accompagnés de biscuits secs ou briochettes ou encore d’un morceau de pain avec 1 barre de chocolat.

Ayez toujours ces aliments à disposition surtout sous forme de briquettes de lait ou yaourts à boire, ou des compotes en gourde. Ils sont ainsi faciles à transporter et constituent une bonne base également pour un petit déjeuner consommé rapidement.

Évitez les sodas et jus de fruit à disposition en permanence et jamais lors des repas.

Limitez les placards débordants de friandises : c’est aussi un bon moyen de raisonner la consommation. »

 

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Jean-Michel Cohen, nutritionnisteA peine rentré, il plonge sa tête dans le frigo quand ce n’est pas elle qui vide les placards et se ressert 2 fois au diner. Ils ont toujours faim ! On se demande si c’est normal mais surtout ce qu’il faut faire quand ça arrive. Jean-Michel Cohen, nutritionniste, vous donne toutes les clefs pour vous aider dans cette dure épreuve « des courses permanentes ».

 

La croissance explique-t-elle toujours ces périodes « de ventres toujours vides » ?

« De l’entrée au collège à la sortie du lycée, les adolescents grandissent de 20 à 40 centimètres et doublent leur poids ! Les besoins nutritionnels liés à cette croissance accélérée sont considérables tant en quantité qu’en qualité.

Dans un même temps, les caractères sexuels féminin et masculin vont se manifester et cette période de puberté a des répercussions sur le plan nutritionnel.

Les garçons vont, en règle générale, développer une musculature plus importante et de leur côté, avec l’apparition des règles, les filles ont des besoins en fer augmentés et des sensations de fatigue plus prononcées.

S’ajoute à cela le paramètre de l’activité physique pour les adolescent(e)s sportif(ve)s et le stress lié aux premiers examens, premiers stages et aux premiers choix d’orientation professionnelle.

En parallèle de cela, les adolescents acquièrent plus d’autonomie et deviennent plus réceptifs aux sollicitations alimentaires venant de l’extérieur, plus acteurs de choix qui étaient auparavant guidés par les parents. »

 

Combien de temps cette période peut-elle durer ?

« Cette période peut s’étaler sur 5 à 8 ans selon l’adolescent.

Mais surtout, il ne s’agit pas d’une période continue, on remarque souvent des pics de croissance pendant lesquels l’adolescent, dévore entrecoupées de périodes où l’appétit se normalise.

L’alimentation peut également être une réponse à un état de fatigue passager. N’oubliez pas de garder un oeil sur leur sommeil et de proposer un horaire d’extinction des feux, y compris smartphones et tablettes ! »

 

Faut-il s’en inquiéter ?

« Si les repas proposés sont équilibrés, et que le poids et la taille restent cohérents, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.

En cas de surpoids naissant, il est toutefois important d’agir mais toujours en douceur. L’adolescence est une période plus ou moins conflictuelle avec l’autorité parentale et faire de l’alimentation un sujet de discorde provoque souvent de mauvaises réactions. Proposez-leur des repas familiaux équilibrés. Agissez aussi sur la modification de certaines habitudes alimentaires comme le grignotage, par exemple, en surveillant le contenu des placards.

N’oubliez pas de leur proposer des activités physiques soit par une inscription dans un club, soit en organisant des activités en famille. Pendant les vacances, limitez la télé, l’ordinateur, les jeux vidéos à 2 à 3h par jour est aussi une excellente règle pour avoir plus de temps pour bouger !

N’imposez pas de consignes diététiques trop strictes pendant cette période. Elles pourraient impliquer des carences en vitamines et minéraux et seraient néfastes.

En cas de surpoids plus important, un régime légèrement hypocalorique mais équilibré est possible sous contrôle d’un nutritionniste et avec l’accord de l’adolescent(e).

A l’inverse pour les filles surtout, il faut surveiller celles qui auraient tendance à la restriction. En effet, à l’adolescence, 40% se trouvent trop grosses alors que 10% sont réellement en surpoids… »

 

Doit-on les laisser faire ?

« Il est important de les laisser prendre l’autonomie alimentaire qu’ils souhaitent, mais en les cadrant. Il ne s’agit en rien de les restreindre. Le rôle des parents est surtout d’éviter toute déstructuration et en même temps d’assurer la couverture des besoins.

Leur appétit reste tout de même un bon guide à écouter.

La structuration des repas avec un petit déjeuner, un déjeuner, un goûter et un dîner est importante car si ce rythme est acquis, il perdure souvent.

Le petit déjeuner qui assure le réveil physique et intellectuel doit être proposé avec insistance en proposant plusieurs formules dont des produits faciles à transporter si votre enfant a tendance à se lever au dernier moment.

Le goûter reste plus facultatif et sert surtout à cadrer l’alimentation et éviter le grignotage mais également à couvrir les besoins des ados sportifs. En même temps, il est important d’éviter les excès à ce moment qui pénaliseraient ensuite le dîner.

Ne leur interdisez pas les repas à l’extérieur : fastfood, grecs… qui représentent également des moments conviviaux entre amis, mais apprenez-leur à faire de bons choix, à y manger en fréquence raisonnable et surtout à adapter les repas de la maison en fonction. »

 

Faut-il surveiller leur balance ?

« Surveiller le poids de votre adolescent directement n’est pas conseillé. La façon dont il porte ses vêtements, par exemple, est un témoin suffisant. Faire de temps en temps du shopping ensemble est aussi une bonne idée. La pesée fait partie déjà à cette âge de la sphère de l’intime, mais apprenez-lui à monter sur la balance de temps en temps (1 fois par semaine grand maximum). Connaître son poids est important. »

 

Que faut-il leur proposer à manger dans cette phase où ils dévorent le frigo ?

« L’important est de proposer des repas équilibrés sans négliger les sources de protéines : viandes, poissons et oeufs. Ces aliments sont indispensables pour leur croissance et en même temps favorisent le rassasiement.

Des steaks hachés à 10% de matière grasse maxi, du jambon, des oeufs, des poissons au naturel en conserve sont autant de source de protéines de qualité à prévoir.

Les féculents (pâtes, riz, semoule, pommes de terre…) et le pain sont une source de glucides complexes et d’énergie importants et très appréciés. Ils seront proposés à chaque repas et idéalement associés à des légumes afin de donner de bonnes habitudes. Veillez à limiter les achats de plats préparés industriels vers lequel votre ado se dirigerait automatiquement. 
Ensuite, variez les desserts en limitant les crèmes desserts afin d’alterner avec des laitages nature et du fromage.

Laissez une place aux fruits, compotes ou même fruits au sirop afin de satisfaire leur palais sucré en fin de repas.

Les laitages, fruits et compotes sont une bonne option pour le goûter accompagnés de biscuits secs ou briochettes ou encore d’un morceau de pain avec 1 barre de chocolat.

Ayez toujours ces aliments à disposition surtout sous forme de briquettes de lait ou yaourts à boire, ou des compotes en gourde. Ils sont ainsi faciles à transporter et constituent une bonne base également pour un petit déjeuner consommé rapidement.

Évitez les sodas et jus de fruit à disposition en permanence et jamais lors des repas.

Limitez les placards débordants de friandises : c’est aussi un bon moyen de raisonner la consommation. »